« Hors de la culture "mainstream", existe-t-il un salut ? »
Cette question vient à l’esprit pendant et après la lecture du livre de Frédéric Martel dont le titre est Mainstream. Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde (Paris, Flammarion, 2010, 460 p.).
La culture abordée par l’auteur renvoie à deux aspects d’une même réalité : une culture populaire c’est-à-dire une culture pour tous, accessible à tous – une culture de masse – en référence à l’aspect positif ; sur le plan négatif, une culture hégémonique, industrielle, commerciale, construite habilement dans un but de divertir la planète. Rien de moins !
Cinéma de Hollywwod ou de Bollywood : même combat ; soap et telenovelas : à la conquête des télévisions ; music pop et hip hop : le commercial avant tout.
Que dire de la converge des radios, des télévisions, des studios de cinéma ou de musique qui, tous ensemble, créent des reines et des rois. Au centre de ces convergences, se trouvent une gestion des communications plantaires dirigeant un flux de contenus associés à des valeurs, à des modèles qui émanent des pays dominants vers les pays dominés.
On imagine les tensions que suscite ce type de pratique. L’affirmation identitaire d’une culture minorisée submergée par les flux culturels globaux apparaît comme une position archaïque. Or une culture dite «régionale» et une quête de l’universel ne sont pas nécessairement incompatibles.
Ce serait faire preuve d’une pensée simpliste que d’affirmer la mort des cultures dites régionales. En effet, si la culture global irrite, c’est parce qu’elle trempe dans le quantitatif et les problèmes liés à la recherche du marché. Industrie, business et marketing travaillent main dans la main avant de faire le tour du monde. Nous sommes face au capitalisme culturel avec ses réseaux, son modèle économique propre, son argent et, naturellement, ses créations de masse.
L’autre, la culture dite régionale, ne doit pas baisser pavillon ! Elle ne peut que se positionner afin d’assurer la pérennité de la société qui la soutint. Les cultures régionales doivent, à cet égard, mettre en place des pratiques qualitatives. Elles doivent développer des contenus originaux afin de s’inscrire dans ce qui ressemble à une mutation profonde des milieux culturels. Les technologies de la communication doivent, dans de telles circonstances, devenir leur réseau.
Il ne s’agit pas de lutter contre la culture mainstream, ce serait peine perdue ! Il s’agit plutôt de s’atteler à la tâche et de produire une culture qui assume sa minorité et, du coup, plutôt que de se complaire dans une forme de victimisation, elle sert de tremplin à une plus grande complicité entre humains.

Michel-Rémi Lafond
Directeur général du CRCO
20 juillet, 20 h 00 |
« 06 juillet, 17 h 01
« Qualité, originalité, complicité.....amen. » » |
Diane Bertrand, Ville de Gatineau |
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20 juillet, 20 h 00 |
« 06 juillet, 16 h 09
« J'aime beaucoup le dernier paragraphe, qui nous rappelle pourquoi nous faisons notre travail avec tant d'ardeur ! Cette "complicité entre humains" vaut tous les efforts consentis. La culture locale, à plus petite échelle, nous offre bien plus facilement ces contacts précieux et ces moments inoubliables de partages entre humains sensibles et surtout créatifs ! » » |
Marie-Pierre Drolet, MRC Papineau |
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20 juillet, 19 h 59 |
« 06 juillet, 17 h 04
« C'est une vision des choses soutenante et nécessaire! La diversité et la différence doivent s'exprimer dans le petit aussi, sans se faire ramasser ou récupérer par les gros rouleaux niveleurs! Surtout en cette ère de mondialisation où tout se ressemble. '' ça prend toutes sortes d'arbres pour constituer une forêt vivifiante!'' » » |
Isabelle beauregard, Ville de Gatineau |
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20 juillet, 19 h 58 |
« 07 juillet, 12 h 45
« Bonjour Michel-Rémi, Je suis entièrement d'accord avec les propos de ton blog du 5 juillet. Pour ce qui est de la culture régionale, j'abonde aussi dans ton sens et les valeurs culturelles que tu exprimes. Cependant, à mon avis, plutôt que d'assumer sa minorité, j'ai toujours pensé qu'il faut tout simplement s'assumer en tant qu'artiste, groupe, événement ou mouvement artistique. Si on pense assimilation, c'est qu'on a une petite graine de pensée minoritaire, non? Qu'en penses-tu? Les grands artistes viennent de partout. Je crois que, si une région veut se démarquer de la globalité ou des autres régions, comme tu dis, elle doit être originale dans sa différence, l'assumer, la valoriser et avoir le désir de la faire rayonnement. Comme on sait, le rayonnement s'étend et élargit son étendue et ainsi, se démarque de tous. Que l'on pense au festival en chanson de Petite-Vallée, où toute la population participe à l'événement. Le festival de la chanson de Tadoussac qui se dit - le plus grand des petits festivals - se démarque en mettant en lumière principalement les artistes émergents, plutôt que d'inviter essentiellement des 'vedettes'. Tout le village se transforme en lieu de chanson, marina, auberge de jeunesse, bistro etc. Ton sujet et tes propos sont très éclairants et je m'incline devant la richesse de ton écriture. Salut et au plaisir de te revoir et de te lire. »
Louise Ethier » |
Louise Ethier, Montréal |
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20 juillet, 19 h 55 |
« « Au centre de ce questionnement, un mot, un concept: culture. Je ne dirais pas: une réalité, la notion est par trop chargée et veut bien dire ce que l'on veut, quand on veut... Elle est locale, mondiale, universelle, d'entreprise, etc. Elle s'est malheureusement téléscopée jusqu'à être perçue comme étant l'art ou le produit de l'art. À ce chapitre -et ne vous laissez pas tromper ou décourager par la longueur "toute française" de sa conférence gesticulée- Franck Lepage pense et agit afin de remettre en question le sacro-saint dogme de la culture. Pour nous mettre en appétit: "Un philosophe aujourdÂ’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous nÂ’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme sÂ’appelle développement, la domination sÂ’appelle partenariat, lÂ’Â’exploitation sÂ’Â’appelle gestion des ressources humaines et lÂ’Â’aliénation sÂ’Â’appelle projet. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité mais simplement de nous y adapter en lÂ’approuvant à lÂ’Â’infini. Des « concepts opérationnels » qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme même quand nous pensons naïvement le combattre... Georges Orwell ne s’était pas trompé de date ; nous avons failli avoir en 1984 un « ministère de lÂ’Â’intelligence ». Assignés à la positivité, désormais, comme le prévoyait Guy Debord : « Tout ce qui est bon apparaît, tout ce qui apparaît est bon. " (http://tvbruits.org/spip.php?article981)
Bonne écoute ! » » |
Bernard Slobodian, Ville de Gatineau |
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